À neuf mois du premier roulage des F1 2026, le paddock commence à s’interroger sur la tournure des événements à venir, alors qu’approche l’un des changements de réglementation les plus radicaux de l’histoire moderne de la Formule 1.
En 2026, la discipline va connaître une profonde transformation : l’arrivée d’Audi (qui succédera à Kick Sauber), l’arrivée d’une onzième équipe portée par Cadillac, et surtout une nouvelle réglementation technique et sportive.
Dans les grandes lignes : les monoplaces seront plus petites, les pneus moins larges, le DRS disparaîtra au profit d’une aérodynamique active à deux modes distincts (plus ou moins d’appui), suppression du MGU-H au profit d’un boost du MGU-K (de 120 à 350kw), le moteur thermique V6 sera limité à 400 kw contre 550 actuellement…
Ce ne sont là que quelques éléments parmi les nombreux changements à venir (voir vidéo ci-dessous), qui annoncent une redistribution totale des cartes. Un bouleversement qui intervient à un moment où la Formule 1 offre des qualifications et des courses relativement serrées depuis plusieurs saisons. D’où l’interrogation légitime des fans : cette nouvelle réglementation permettra-t-elle de conserver un spectacle aussi intense et serré que celui proposé aujourd’hui ? La question a été posée à Fred Vasseur, directeur de la Scuderia Ferrari, le week-end dernier en Arabie Saoudite.
« Je ne suis pas Madame Irma ! Je ne peux pas vous dire si la course sera serrée dans neuf mois ou quoi que ce soit d’autre, on ne le sait même pas pour ce soir ou demain [lors du GP d’Arabie Saoudite, ndlr] ! Ce qui est vrai, c’est qu’à ce stade, avec un nouveau règlement – et il faut garder à l’esprit qu’il s’agit probablement du plus grand changement en F1 depuis 25 ans – nous avons d’énormes changements sur le moteur, le châssis, et également sur les règlements sportifs. » a déclaré Fred Vasseur.
« Cela signifie qu’en tant qu’équipe, il faut aujourd’hui prendre en compte tous les aspects, et nous devons prendre des directions. »
« Je suis certain que nous ne prendrons pas tous la même direction, et nous ne savons pas quel sera le résultat en 2026. Je ne peux pas dire que les courses seront plus serrées qu’aujourd’hui. Mais avec la convergence des performances, nous sommes passés au fil des ans d’écarts énormes à six ou sept dixièmes entre la P1 et la P16. » a ajouté le Français.
« Nous pouvons nous attendre à des écarts plus importants l’année prochaine. Mais c’est aussi l’ADN du sport : se développer, essayer de rattraper son retard. Nous ne pouvons pas nous en plaindre. Nous verrons bien en 2026. Concentrons nous sur cette saison. » a conclu le directeur de la Scuderia Ferrari.
Une aventure passionnante…
Egalement présent en conférence de presse aux côtés de Vasseur, le PDG et directeur d’Aston Martin, Andy Cowell, a ajouté : « Fred a raison : le peloton va s’ouvrir et il y aura des surprises, positives et négatives. Mais c’est ce qui rend ce sport passionnant. »
« Si nous restons sur la même réglementation et qu’on se rapproche toujours plus, d’accord, toutes les voitures seront regroupées. Mais c’est formidable d’avoir de nouvelles technologies, de nouveaux acteurs, et de voir arriver Audi. »
« J’ai rendu visite à Honda la semaine dernière [à partir de 2026, Honda sera le motoriste d’Aston Martin] : le développement qu’ils font dans la technologie des batteries, ils le voient comme quelque chose de pertinent pour la route, et je pense que d’autres constructeurs le pensent aussi. »
« C’est donc une bonne chose que ce nouveau règlement incite certains constructeurs à se lancer dans le sport, et nous développons de nouvelles technologies et de nouvelles façons de faire fonctionner les voitures de course. Je pense que ce sera une aventure passionnante, il y a encore beaucoup de choses à voir, à dire et à écrire. »
Un échange intervenu alors que, quelques jours auparavant à Bahreïn, s’est tenue la première réunion entre la FIA et les motoristes de la F1, en vue d’une modification majeure de la réglementation moteur à l’horizon 2029-2031. Une réunion jugée « très constructive, très positive » par Vasseur. Preuve, s’il en fallait, que la Formule 1 est en pleine mutation.